Incroyable, en année sabbatique, en vacances depuis près d'un an et même pas le temps de s'occuper du blog! On dirait que le temps passe vite là aussi!
Dernières nouvelles le 10 juin... et pourtant il s'en est passé des choses depuis ! Vous savez tous que "Dyade" a retraversé l'atlantique fin juin. Alors nous allons tenter de vous raconter notre retour sans trop vous ennuyer...
Nous sommes partis de Saint-Barthélémy le 20 juin après avoir embarqué un équipier. Notre petite expérience de l'aller nous avait très vite permis de nous rendre compte qu'à deux c'est super, mais que la fatigue qui s'accumule avec le manque de sommeil n'était pas facile à gérer et qu'il serait plus confortable d'être à trois. Alors nous avons embarqué Brendan, jeune "voileux breton" qui terminait une saison de moniteur à l'école de voile de St Barth et qui rentrait chez lui, à Douarnenez.
Nous étions tous les trois pressés de larguer les amarres et malgré une onde tropicale sur l'arc antillais, nous sommes partis sous la pluie et les bourrasques de vent en direction du nord. Ce n'est pas de l'eau chaude qui allait empécher les marins bretons que nous sommes de quitter le port.
Mais inutile de vous dire que les premières vingt quatre heures n'ont pas été des plus agréables et le capitaine a assuré le temps que la mer, la pluie et les estomacs se calment.
Heureusement comme toute chose à une fin, nous avons vite retrouvé de meilleures conditions de navigation et chacun a enfin pris ses habitudes, Robert et Brendan, le plus souvent sur le pont à surveiller la marche du bateau et à prendre plaisir à barrer, alors que Caroline commençait une longue série de mots fléchés et de romans.
Avant le départ nous avions décidé de prendre nos repas ensemble et à heures régulières, cela permet d'avoir une "journée" normale: Robert était le préposé au petit déjeuner. Il faut dire que c'est lui qui faisait le dernier quart de nuit et de ce fait réveillait le reste de l'équipage. Au programme, thé, toast grillés, beurre, confiture et nutella.... En mer, même le capitaine mange du nutella. Après, chacun faisait ce qu'il voulait. Les quarts de nuit (2x2heures chacun) rendent les petits dodos de la journée très vite indispensables pour récupérer les heures de sommeil manquantes.
Alors allez vous dire, on s'ennuie pas trop pendant 18 jours au large? Eh bien non! Il y a toujours quelque chose à faire à bord ou sur le pont. Dormir (surtout Caro!) lire, manger, barrer, boire un thé , regarder la carte, les nuages, la mer etc.......... sans compter les dauphins que l'on voit souvent venir jouer dans la vague d'étrave.
Et puis, il y a d'autres bateaux sur l'eau et un matin, on s'est retrouvé à 5 bateaux dans un tout petit coin de l'océan: échanges de message par radio et d'encouragement réciproque.
On a aussi dépanné deux bateaux en panne un jour sans vent.
-Un gros bateau italien en panne de moteur que l'on a remorqué et qui nous a donné du gas-oil en bidon pour nous remercier.
-Un bateau français en panne de gas-oil à qui l'on a donné, après une superbe manoeuvre, le gas-oil de l'italien en nous promettant de nous retrouver aux Açores autour d'une table! Il est même revenu le lendemain pour avoir encore un peu de gas-oil dans cet atlantique décidement sans vent et surtout sans pompes à carburant!
Il nous a bien fait rire en nous appelant "Super Tanker " à la radio.
Et comme dit, on s'est retrouvé aux Açores à Florès ou il nous a offert un diner en guise de remerciement. On lui a bien sur raconté l'origine du gas-oil et on a bien ri ensemble de cette histoire.
Voyez que l'on ne s'ennuie pas! A partir du moment ou le bateau avance, tout va bien et le moral est au beau fixe. Et puis on manoeuvre, on règle les voiles, on affale le spi, on renvoie le genois etc........... nos journées en fait étaient bien remplies!
Nous sommes arrivés à Florès en pleine nuit sous une pluie battante. Première nuit au mouillage depuis presque trois semaines. Quel confort d'être à l'arrêt, même si le mouillage était rouleur.
En plus, nous retrouvons avec joie des nuits entières.
Première nuit ensemble sous la couette depuis bien longtemps. Parce qu'en plus et sans rentrer dans notre intimité, en mer on ne dort pas ensemble à cause du roulis et de l'inconfort qui en résulte: Robert dort dans le carré comme ça il reste disponible très vite au besoin et Caro dans la cabine arrière. Brendan, quant à lui ,occupe la cabine avant.
Quand on vous dit sous la couette, c'est qu'arrivés aux Açores, il commençait vraiment à faire plus frais : fini de la chaleur des tropiques!
Nous avions révé d'avoir froid!!!!! Etonnant non?
Superbe escale que Florès, île la plus à l'ouest des Açores et celle aussi la plus isolée de l'archipel.
Visite de l'ile en taxi avec un chauffeur sympa parlant le français, entre des haies d'hortensias plus bleus les uns que les autres et repos de l'équipage avant de repartir pour Faïal et sa marina célèbre dans le port d' Horta.
Traversée vers Horta sans vent (encore!) et enfin amarrés à la marina là ou ça ne bouge pas du tout!!!!!
Visite de l'ile en voiture de location et repos. Brendan en profite pour aller surfer sur l'ile voisine de Sao Jorge.
Rencontres sur les pontons, retrouvailles avec notre français en panne de gas-oil qui avait bien des soucis avec son bateau, bricolages et coups de main aux uns et aux autres.
A Horta, il est de coutume de faire un dessin sur le mur de la marina, ce que nous avons évidemment fait , il parait que cela porte chance aux équipages.........
Cosmopolite cette marina: troisième marina au monde en nombre de passage de bateaux! ce qui n'est pas rien.
Sans oublier les inévitables apéros avec les équipages des autres bateaux.
Bon vent à Sylvain, Québécois avec un accent inimitable, bon vent aussi à Igor et "miss Terre" et à Jean-Louis.
Superbe endroit ou nous avons encore beaucoup apprécié l'acceuil et la gentillesse des Portuguais déjà évoqué lors de notre escale à Madère.
Révision du bateau , avitaillement au supermarché, plein d'eau et de gas-oil. Nous repartons avec la France dans l'étrave et Douarnenez comme port d'arrivée. Là par contre, pas de vent pendant 5 jours et nous avons fait 5 jours de moteur non stop sur les 10 jours de la traversée! Usant pour les nerfs, mais pas vraiment d'autre choix: il n'y a pas de vent entre nous et la pointe du Raz dit le routeur!
Ah mais, nous n'avons pas encore parlé du routeur: en fait c'est un ami, de longue date voileux, Karim, qui a accepté de nous "router" à travers l'atlantique pour cette traversée retour. Nous avions convenu avant de partir de faire des vacations quotidiennes par mail pour donner notre position et les conditions de temps rencontrés à Karim( cap,vitesse, vent, mer ect.....) En réponse, il nous donnait les prévisions de vent devant nous. Son aide nous a été précieuse, sur la première partie, Karim avec ses conseils nous a fait gagner du temps et surtout du confort en prenant les meilleures options de route!
Merci Karim de nous avoir donné de ton temps!
Avouons que chaque vacation était attendue avec impatience par l'équipage.
Idem pour la vacation avec Herminie, chargée de rassurer les uns et les autres sur notre position et sur le moral de l'équipage!
Merci aussi Herminie d'avoir été notre relais dans cette traversée océanique.
Alors quand on vous dit encore que les journées sont courtes en mer: voyez tout ce qu'il y a à faire chaque jour!! Pas le temps de s'ennuyer!
Symboliquement, "Dyade" recoupe sa trace dans le raz de Sein faite en Octobre dernier.
Arrivée mémorable à Douarnenez, avec la famille de Brendan venue à notre rencontre en mer. Emotion des retrouvailles avec ses parents, émotion pour nous aussi de retrouver la France quittée il y a déjà bien longtemps.
Diner au restau pour féter son retour! Gros steak frites pour le capitaine et moules marinières pour la capitaine en second! Cela faisait si longtemps que nous attendions en bon français de manger cela!
Repos de quelques jours pour nous et nous repartons tout les deux en laissant Brendan à sa famille. Merci Brendan de ta compagnie!
Passage du chenal du Four, la pointe bretagne, remorquage (encore!) d'un bateau en panne de moteur devant Camaret pris ensuite en charge par la SNSM et nous retrouvons les eaux de la manche avec ses courants et ses marées! Dire que nous avions presque oublié de naviguer avec ces contraintes.
Escale à l'Aber Benoit, à l'ile de Batz, retrouvailles avec Pascal, et Monique de Lancieux... et dernière escale à l'ile de Bréhat avant de renter chez nous. Passage du Cap Fréhel et voilà Jean-François avec qui nous avons navigué de conserve aux Antilles qui vient à notre rencontre avec son bateau accompagné de Michel, lui aussi rencontré en Guadeloupe.
La boucle est bouclée, "Dyade" est amarré au ponton à Saint Cast le mercredi 4 aout avec près de 11 000 nm dans le sillage.
Retrouvailles avec la famille, les enfants , les amis, il n'y a pas de doute nous sommes rentrés à la maison.